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Journées d’études - His verbis exprime luctum. Supports, style et usages de la poésie funéraire (IXe-XIIe siècles)

ipsum | Louvain-la-Neuve, Namur, Bruxelles Woluwe

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26 November 2024, modified on 28 November 2024

His verbis exprime luctum Supports, style et usages de la poésie funéraire (IXe -XIIe siècles) Au détour d’un exemple d’amplification, Geoffroi de Vinsauf indique à ses lecteurs les mots appropriés à l’expression du deuil (« Temporibus luctus his verbis exprime luctum », Poetria nova, v. 367). De fait, le décès d’un individu suscite diverses productions écrites, notamment poétiques, à l’instar des plaintes funèbres (planctus), des épitaphes et des titres de rouleaux mortuaires. De prime abord, le trait distinctif de la poésie funéraire est d’ordre thématique : la mort en fonde l’unité. Malgré leur proximité discursive, les poèmes funéraires se démarquent par des critères formels (poésie métrique, rythmique, ou performance orale) et matériels (codex, rotulus, pierre). Dès l’époque carolingienne, la poésie funéraire connait un développement considérable. Les raisons de son succès au cours du premier Moyen Âge restent encore à éclaircir. Traditionnellement, l’historiographie marque une rupture au tournant des XIIe et XIIIe siècles, entre autres en raison de la production croissante des textes vernaculaires et de l’amorce du macabre, avec la figure d’Hélinand de Froidmont. L’ambition des journées est d’étudier les expressions poétiques du deuil à l’aune de leurs supports, de leur style et de leurs usages. Il s’agira de questionner la notion de poésie funéraire par l’étude de ses diverses manifestations poétiques, tout en s’interrogeant sur sa production et sa réception : quels sont les éléments précurseurs ? Qu’est-ce qui se maintient aux siècles suivants ? En quoi sied-il de parler plutôt d’une transformation ou plutôt d’une rupture nette ? La matière de la poésie funéraire (Université de Poitiers, CESCM ; 26-27 septembre 2024) Tout au long du Moyen Âge, le décès peut déclencher la composition poétique et l’acte d’écriture. L’enjeu de cette première journée sera de caractériser la matière qui convient à l’expression du deuil : comment définir la poésie funéraire aujourd’hui et envisager la porosité entre ses différentes manifestations (planctus, épitaphes, titres de rouleaux mortuaires) ? Dans quels contextes (manuscrits comme monumentaux) apparaissent les différentes expressions poétiques funéraires ? À quels besoins répondent-elles (commémoratifs, cathartiques, panégyriques et liturgiques) et à qui s’adressent-elles ? À cette diversité des manifestations poétiques répond une diversité d’usages. Il conviendra aussi de s’interroger sur les liens qui peuvent être établis entre le poème funéraire et son support. Quels facteurs suggèrent ou imposent la forme du poème funéraire ? Quelles pratiques de lecture assigne-t-on aux divers supports ? Quelles traces d’oralité subsistent dans les témoins écrits et quel est le statut de la composition musicale dans la poésie funéraire ? La mort d’un individu est l’élément commun à tout poème funéraire. Toutefois, cette poésie s’inscrit dans un réseau intertextuel et emprunte des topoï attestés dans d’autres productions littéraires : ainsi, l’expression de la douleur, la prière et la glorification. Dès lors, quels topoï sont récurrents dans les différentes manifestations du deuil ? Sont-ils en tout ou en partie conditionnés par leur support ? Dans quel réseau intertextuel s’inscrivent-ils ? Font-ils l’objet d’un traitement spécifique selon leur contexte ? Style et mise en scène de la poésie funéraire (Université Catholique de Louvain ; 28-29 novembre 2024) L’objectif de la deuxième journée consistera à s’interroger sur l’existence d’une esthétique propre à l’expression du deuil. Cette question sera d’abord abordée du point de vue stylistique. Existe-t-il un langage ou une poétique spécifique à la matière funéraire ? Quels outils et quelles méthodes peuvent-être mobilisés (études stylométriques, humanités numériques, etc.) ? Quelles sont les caractéristiques formelles des poèmes funéraires (figures de prédilection, variations lexicales, constructions syntaxiques, etc.) et sont-elles conditionnées par leur support ? À quel(s) type(s) de versification s’adonnent les poètes ? Ensuite, il faudra étudier les représentations de la poésie funéraire et la manière de la mettre en scène. La distance entre le texte et son support théorique a déjà été soulevée par l’historiographie, en particulier pour les épitaphes. Si toutes les épitaphes n’ont pas été gravées, comment évoque-t-on leur matérialité dans le discours poétique ? Quels codes visuels et quelles caractéristiques graphiques reprennent les scribes pour faire penser à une épitaphe lapidaire ? Quelles sont les fonctions des jeux graphiques adventices, et font-ils partie intégrante de la poétique funéraire ? Enfin, il sera nécessaire de mieux définir les rapports que l’auteur entretient avec la matière poétique funéraire. Quelles attitudes développe le poète devant les contraintes qu’implique son sujet − le décès ? Si les arts poétiques du Moyen Âge ne se sont que très peu préoccupés de la question du genre littéraire, existe-t-il néanmoins des traces d’une codification plus ou moins consciente ? En quoi les modèles didactiques, les pastiches et les caricatures

Si de tout temps le décès d’un individu a pu déclencher une multitude de productions écrites, et notamment poétiques, la poésie funéraire connait un développement considérable à l’époque carolingienne, pour des raisons qui restent à éclaircir. Traditionnellement, l’historiographie marque une rupture au tournant des XIIe et XIIIe siècles, entre autres avec la production croissante des textes vernaculaires et l’amorce du macabre. L’ambition des journées est d’étudier les expressions poétiques du deuil entre ces deux bornes temporelles (IXe et XIIe s.), à l’aune de leurs supports, de leur style et de leurs usages.
Une première rencontre, qui se tiendra à Poitiers en septembre 2024, portera sur la matière funéraire. Il s’agira de circonscrire les diverses manifestations poétiques de la mort d’un défunt ; d’étudier les rapports entre le poème et son support ; de dégager quelques grands topoi caractéristiques du genre.
La deuxième rencontre, qui se déroulera à Louvain-la-Neuve les 28-29 novembre 2024, se concentrera sur l’existence d’une esthétique propre à l’expression du deuil. Cette question sera traitée d’abord du point de vue stylistique ; ensuite sous le prisme des mises en scène et des représentations graphiques des poèmes funéraires. Enfin, il s’agira de questionner les traces d’une codification plus au moins consciente d’une poétique du deuil, par l’étude des pastiches, des modèles didactiques et des caricatures.