Chaire Francqui 2024 : Leo Van Broeck

Architecture, patrimoine, identité et culture dans les turbulences de la transition

La relation entre d'une part notre conception statique et souvent très conservatrice sur le patrimoine et l'identité culturelle et d'autre part la nécessité de presque tout changer, est une menace pour notre résilience et notre capacité d'agir. En même temps, nous constatons que l'architecture encore trop souvent se perd dans des discours à la mode, formalistes et esthétiques, a peur d'avoir un vrai impact sur la réalité, manque d'activisme et continue à pratiquer la chute libre dans son propre nombril. Pour faire atterrir ces sujets, le cas de l'architecture et l'urbanisme dans la Région de Bruxelles Capitale (qui a le potentiel d'un écoterritoire urbain) est regardé de plus près, et illustré avec des projets.  

La relation entre la nature et l'espace humain

L'urgence de restaurer la biodiversité, démontrée dans la conférence inaugurale, nécessitera de redonner de la surface à la nature. Ce défi doit se jouer aussi bien en campagne en conflit avec l'éparpillement spatial des lotissements remplis de fermettes, qu'en ville où nous sommes confrontés avec un manque de verdure, trop de surfaces minérales, et des îlots de chaleur. La zone transfrontalière de Tournai, Courtrai, Lille et Roubaix est un mélange intéressant de centralités urbaines, de lotissements et d'agriculture. Où et comment réintégrer la nature dans tout cela? Comment densifier et verduriser en même temps? Quelle nouvelle relation devrait-on établir entre les humains et la nature presque disparue? 

image: collage de deux photos de l'œuvre d'art 'Time Landscape' par Alan Sonfist à New York. Il y a longtemps, Sonfist a clôturé une parcelle de terrain à Manhattan pour la rendre inaccessible pour les humains et pour y planter de nouveau les plantes d'origine et ensuite laisser faire la nature. Un geste artistique qui touche la relation entre nous et la nature. 

Le triple grand écart de l'ingénieur architecte au milieu de la crise spatiale

La base de connaissance et de savoir faire de l'ingénieur-architecte est un trépied qui coïncide parfaitement avec la triade de Vitruve: venustas, utilitas & firmitas. En langage courant: comment faire de la poésie qui est en même temps étanche à l'eau et à prix abordable? Que se passe-t-il avec cette triade si on manipule l'échelle? Car dans un écosystème en danger chaque architecte doit aussi penser comme un urbaniste, et notre profession doit prendre recul pour se réaliser que la nouvelle question est: comment encore donner forme et fonction à la présence 3D de l'espèce humaine sur la peau presque détruite de notre planète? Quel est l'état de lieu du Brabant Wallon autour de Louvain-la-Neuve? Quel est le rôle de l'ingénieur dans tout cela? Est-ce que l'espace conçu peut avoir des qualités structurelles? Est-ce que les structures peuvent avoir des qualités spatiales?